A propos du carnaval 2024 par l'Amazone dé-chaînée

Le 05/11/2023 0

Dans Commentaires de l'Amazone dé-chaînée

Suggestion de l'Amazone dé-chaînée : l'Université de Guyane offre depuis plusieurs années des formations, anime des débats, recherche sur le carnaval social ... Ce serait bien que les animateurs radio, internet, télé s'informent à minima avant de prendre le micro et participer à la médiocratisation de la rue.

Dimanche 4 janvier : jusqu'au bout la parade de Kourou aura apporté ses "surprises" : changement de circuit avec un final plus festif, panne internet d'un reportage tv internet (dans la ville d'où partent les satellites de communication), retard pour que les clients des restaurants puissent finir de manger (dixit le maire). Désolé, il y a eu mieux surtout pour la com' ou la promotion touristique et surtout le commentaire déplacé de l'animateur devant le podium.  À réécouter sur les réseaux sociaux puisque cette parade "du jamais vu en Guyane" (dixit le maire) n'a pas été diffusée sur la télévision locale (un autre problème d'organisation tardive ou une nouveauté ?).

Samedi 3 janvier : Macouria, sa parade dans quartier déjà foulé par le groupe Kouman pour y animer les tristes dimanches. Sous le soleil et la médiatisation (télé, internet), de belles images. Dommage qu'il faille des barrières pour séparer le public des carnavaliers en parade. Ce n'est plus le carnaval de Guyane, juste un erzatz de carnaval d'ailleurs et qui ne sera jamais compétitif. En Guadeloupe, Martinique ou au Brésil, à Trinidad ... ce sont des adultes qui défilent (pas des ados) et assument leurs choix esthétiques. Voilà un sujet de réflexion pour l'Office du carnaval péyi Guyane : comment accompagner les groupes qui animent la saison carnavalesque pour donner au carnaval de Guyane une identité, une originalité, une excellence alliant spontanéité, tradition et modernité ? 

27 janvier, parade de Matoury. Une réunion préparatoire et un compte-rendu précèdent la manifestation annoncée pour 15h. Leurs altesses invisibles retardent le départ qui se fera sans elles. Privilège, promis, en 2025, ce sera mieux ? Si si si ... pour prendre l'avion vers Paris, elles ont su être à l'heure. Un public peu nombreux hors le podium, pourtant c'est "la fête au village" mais ailleurs aussi. Un bus de transport de carnavaliers qui défileront plus tard remonte la parade déjà lancée. Un mobylette traverse sans hésitation un groupe sur le circuit sécurisé. Des tee-shirts en guise de déguisement sans "couleurs ni paillettes". Ce n'est pas une parade, à peine un défilé festif. Si les organisateurs ont rempli leur contrant, on n'en dira pas autant de tous les autres dont un animateur tv internet qui ne cite pas le nom du 2ème groupe au départ et l'autre animateur au podium qui confond "l'Observatoire" et "le groupe déguisé". En soi, ce n'est pas bien grave mais c'est quand c'est tous les week-end et tous les ans la même chose ... 

Grand forum radiophonique de déballage. Traditionnellement, à Cayenne, le 3ème dimanche du carnaval clérical, c'est le défilé "traditionnel", inscrit dans la convention annuelle signée avec la Mairie. Sauf que cette année, un groupe très connu de la place et lobbyiste organise son propre défilé commémoratif dans un autre quartier. Qui ira où ? A nouveau, des questions de soumakés, de personnes, d'égos, d'impéritie. Les sponsors, les entreprises sont appelées à payer, payer, payer. Pauvres carnaval qui va bientôt rentrer sur le podium des plus beaux ... nauvrages.

12 janvier. Annulée puis confirmée. La parade de Kourou change de nom et d'organisateurs. Elle aura bien lieu le 4 février selon le maire de la ville. L'Amazone dé-chaînée aime à répéter que le carnaval est plus sérieux qu'il n'en a l'air, y compris à Kourou où "s'envoyer en l'air", on sait faire.

7 janvier 2024, la collectivité territoriale issue des urnes s'est substituée à la noblesse d'antan, au motif de tradition, pour piloter l'élection d'une Reine et l'intronisation de son Roi Vaval. Etrange coutume qui consiste à confisquer le pouvoir du peuple pour le remettre à des courtisans. D'autant plus étrange que cette opération, subventionnée par les contribuables qu'elle est censée amuser, se déroule le jour décidé par le clergé, deuxième ordre de l'Ancien Régime ayant pouvoir de lever l'impôt. Certes l'Epiphanie (6 janvier) est fêtée par l'Eglise catholique le 2ème dimanche après Noël, soit entre le 2 et le 8 janvier, en raison de la fin du jour férié décrétée en 1802. Pour autant doit-on ignorer les grands débats actuels sur la laïcité et l'égalité républicaine ? Enfin que vaut le diktat du folkore quand les censeurs qui organisent la fête dérogent aux symboles de la spécifité du touloulou, le port du masque ? Que savent la Reine, aussi belle soit-elle, et ses dames de compagnie, majorettes maquillées, de l'originalité du carnaval de Guyane, supposée attirer le touriste en quête d'authenticité ? La balade parisienne de la cour guyanaise le week-end prochain, loin de la plèbe restée au péyi, pourrait se transformer en fiasco touristico-économique comme le fut la fuite de Varennes le 21 juin 1791.

Début janvier 2024, les flyers se multiplient sur les réseaux sociaux, soirée ici avec lui, soirée là avec elle. Le business du carnaval est lancé, la concurrence des orchestres et des lieux s'exerce. La liberté commerciale, la nécessité de rentabiliser l'activité économico-culturelle fiscalisée sont les reflets d'une société urbanisée qui a besoin de vivre, tout simplement. Par contre, l'administration politique, à nouveau, s'égare dans les travers de son inefficience. Au jour le jour, à la limite du lendemain pour la veille, les communiqués de presse flirtent avec l'amateurisme. On y apprend que l'ouverture du carnaval se fera à Sinnamary le 7 janvier, que le carnaval doit commencer après (quelle heure ?), que la parade de Kourou est annulée. A quelques jours de la réception des élus au ministère pour défendre le projet "touloulou à l'Unesco", l'un n'y sera pas, d'autres ne sont toujours pas confirmés. Bien évidemment, "en 2025" entend-on ? D'ici là, l'Amazone dé-chaînée aura pris son envol.

L'actualité carnavalesque de Guyane devrait ressembler à celle de 2023, sans grande surprise. La mairie de Matoury a annoncé très tôt début 2023 la date de sa Parade annuelle (samedi 27 janvier 2024), celle de Rémire Montjoly est également confirmée (samedi 10 février). Un Office du carnaval a été crée à l'initiative de la Collectivité Teritoriale de Guyane (CTG). Le Comité carnavalesque de Cayenne aurait diffusé un calendrier du programme des festivités dans la ville. 5 danseuses guyanaises de samba sélectionnées s'envoleront pour défiler avec un groupe brésilien sur le sambodrome de Rio de Janeiro (... jour, heure de passage, costumes, chorégraphie et chant déjà fixés).

Pour sa 10ème année d'activités, l'Observatoire Régional du Carnaval Guyanais (ORCG) arrive au terme de son parcours pour faire inscrire en 2024 le Touloulou au Patrimoine universel immateriel de l'UNESCO. L'année 2023 a été particulièrement riche d'actions. Les derniers mois de l'année appartiennent maintenant au "politiques" qui auront à défendre le dossier en janvier 2024 à Paris. A suivre ...

Envolez-vous avec l'Amazone dé-chaînée pour une année carnavalesque de fantaisies

L'avant carnaval 2024

Le 22 novembre, à l'occasion de la fête des musiciens, à Macouria, siège de l'Observatoire Régional du Carnaval Guyanais, présentation du livret "Chanté Kannaval lari Lagwiyann". Ce projet est né du constat qu'aucun écrit n'archive les chants du carnaval de rue. Les paroles se transmettent oralement année après année, se transforment ou disparaissent. La mélodie et la musique de même. Les groupes KOUMAN et SCORPIONS ont enregistré en studio 57 chants (mis en ligne sur ce site et sur les réseaux sociaux Youtube, Instagram). Quelques bénévoles, en association avec l'Université de Guyane, ont collecté et traduit les paroles dans leur contexte (souvent très grivois) et transcrit les mélodies. Le livret d'une centaine de pages sera diffusé gratuitement aux centres de ressources éducatives et musicales.

Malgré la volonté affichée de coordonner les initiatives liées aux festivités carnavalesques, les intérêts personnels des uns et des autres, les priorités économiques ou les égos associés profitent bien du carnaval qui reste une période de transgressions. Avec la saison des pluies, fleuriront bientôt des opportunités comme celles ci :Concours danse

Concours reine

La naissance de l'Office du carnaval, initiée début 2022, rappelle l'Arlésienne d'Alphonse Daudet (publiée en 1866 ... l'arrêté municipal cadrant le carnaval de Cayenne datant du 22 janvier 1885). L'idée est bonne. la mise en oeuvre laborieuse, l'avenir conventionnel. Beaucoup de monde sur la ligne de départ. Quelques réunions en aparté. Aucune synthèse des éventuelles réflexions. Un calendrier erratique. Plus personne à l'arrivée hors les "élus démocratiquement cooptés". Aucun groupe de rue qui assure la fête populaire n'est représenté dans le conseil d'administration de 26 membres.

Ne jetons pas l'eau du bain avant d'avoir lavé le bébé. L'Amazone dé-chainée constate avec satisfaction une volonté de transparente, pour preuve cette publication pour l'élection de la Reine du Carnaval (le ? janvier 2024). Une publication similaire pour le Roi du carnaval avait précédé cette dernière et la création de l'Office. 

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