L'histoire du carnaval de Guyane avec KOUMAN

KOUMAN, dans le carnaval de Guyane, c'est une histoire d'identité guyanaise où des personnages, une musique et des chants se sont construits leur propre histoire. En quelques clics ou avec quelques clignements de paupières pour tout lire, la grande Histoire de KOUMAN est ici depuis sa création jusqu'à demain en Guyane.


L'histoire de Kouman c'est avant tout une histoire associative dans le carnaval de Guyane

C'est la volonté de faire vivre les personnages historiques du carnaval de Guyane

Sa musique et ses chants, ce sont ceux du carnaval de Guyane, adoptés, adaptés, créés.

Son avenir, c'est celui du carnaval de Guyane, menacé mais résistant, populaire et festif.

Titre tan lontan

1. Le groupe KOUMAN dans le carnaval de Guyane

Selon l'article 2 de ses statuts, l'association KOUMAN a pour but de promouvoir le carnaval guyanais dans la tradition populaire et organiser des activités à caractère culturel. Elle a été créée en 1991 pour poursuivre une aventure humaine et participer à l'évolution du carnaval guyanais. Son siège est à Cayenne.


La quarantaine de membres qui compose l'association, carnavaliers ou sympathisants, se réunit en assemblée générale annuelle au mois de septembre pour programmer ses projets culturels et festifs. Un bureau restreint finalise périodiquement les décisions à prendre. Des réunions plénières réunissent à peu près une fois par mois les membres. Ces regroupements sont toujours l'occasion d'un moment de convivialité autour d'un repas ou d'un moment musical.


Deux grandes catégories d'animations ponctuent la vie de l'association : d'une part la participation au carnaval de Guyane en essayant de conserver l'esprit de la tradition, notamment le rythme des tambours, les chants et la liberté individuelle d'agrémenter son costume, et d'autre part l'organisation de regroupements festifs, de sorties ou voyages sur le territoire ou à l'étranger. Depuis 2016, KOUMAN accueille des jeunes en difficultés sociales avec leurs éducateurs pour les faire participer à la fête d'une autre manière que par les bagarres dans les défilés de rue. C'est l'esprit KOUMAN.

Dans la presse du 27 février 1993

Le groupe KOUMAN défile tous les dimanches depuis 1991 à Cayenne, qu'il pleuve ou qu'il vente, et participe à la grande parade de Kourou. Il participe aussi parfois aux parades organisées par d'autres municipalités mais ce n'est pas sa priorité. KOUMAN est un groupe de carnaval de rue qui préfère la cavalcade aux parades. Par contre le groupe ne défile plus pour les jours gras. Chaque défilé est prétexte à présenter un costume différent, derrière une banderole, sur une thématique commune. Les visages sont masqués ou grimés. Le pas est généralement rapide, la musique entrainante et les chants dynamiques.

La folie de KOUMAN est carnavalesque. L'improvisation est comme le piment de Cayenne, indispensable et gustative. Le programme des défilés de rue du carnaval 1992 a ainsi été discuté dès juin 1991. Les thèmes arrêtés des sept dimanches de cavalcade étaient : 19 janvier JIRAYA - 26 janvier EXOTIQUE - 2 février MAYA - 9 février TORTUE NINJA - 16 février MARCO POLO - 23 février DRAPEAU - 1 mars GARDE NAPOLEON et lundi 2 mars OR DE GUYANE. A peine le roi Vaval 1993 disparu, la presse envisageait déjà le carnaval 1994.

ll y a encore des leçons à tirer du passé.

2. Les personnages du carnaval de Guyane

Certains déguisements sont très courants ou se prêtent aux effets de groupe ; d’autres, au contraire ne peuvent être adoptés que par des personnes seules ou des groupes très réduits. KOUMAN présente des patchworks de costumes traditionnels et des unicités dans la diversité parmi les personnages qui caractérisent le carnaval historique :

Groupe st valTouloulou fleur Groupe nana 

Les incontournables touloulous "de rue"

 Touloulou trad 190209 Touloulou luc Touloulou th


- la classe avec Anglé bannan et la vie quotidienne avec Balayeuse

Ange bannan Balayeuses

 

- les animaux domestiques Bèf vôlô bèf et imaginaires Bobi

Be fs Bobi gau 1 Bobi sermar

 

- l'histoire des HOmMEs de Guyane : Chinois AnamiteCoupeur de cannes, Nèg marron et Vidangeur

Chinois 1 Coupeuse val Negmarron court Negmarron lave Vidangeur

 

- les mythes de Guyane : Djab dan bwèt, Djab rouj, Lan mô, Soussouri, Zombi baré yo

Soussouri Zombi en corde

 

- les dirigeants de Guyane : Jéfarin et Gro têt

Je farin mon Je farin lou Grotet dd 

 

- l'inégalité sociale : Karolin

Karolin1 Karolin2

- les responsables d'une suspension du carnaval, les Tirailleurs sénégalais
Suite aux émeutes, meurtres et pillages, liés à l’empoisonnement de Jean Galmot le 6 août 1928, des Tirailleurs Sénégalais sont envoyés en Guyane. Tous les trois ans, l’armée renvoie au pays ces soldats, moqués par la bourgeoisie locale. De 1939 à 1945, du fait de la guerre et faute de transport maritime, les rotations sont suspendus. En 1946, l’exaspération des militaires conduit à l’assassinat de leur chef muté en métropole. Le 24 février, un tirailleur enlève le masque d’un touloulou et se bat avec son cavalier. La bagarre dégénère et le lendemain, on comptera 8 mort et une soixantaine de blessés à Cayenne. La compagnie de Tirailleurs Sénégalais sera rapatriée le 26 février. Le carnaval sera arrêté jusqu’en 1950.
Tan lontan tirailleur sénégalais

Si les costumes traditionnels, issus de l'imagination populaire à moindre coût, subsistent dans la diversité des défilés et parades du carnaval de Guyane, cela tient à la fois à la culture de la fête de rue, à la volonté de groupes comme KOUMAN et d'organisateurs institutionnels. Cayenne programme toujours un défilé "traditionnel" dans son calendrier.

Depuis quelques années, la dégradation du contexte sécuritaire et la défaillance des institutions sociales historiques ont introduit sur les circuits carnavalesques policés un nouveau costume qui semble devenir le déguisement incontournable. Bleu, marron ou noir, il se caractérise par un accessoire de la mondialisation consumériste : la marque, l'écusson, le logo. Uniforme, il habille une nouvelle catégorie de carnavaliers qui ne défilent pas mais se subtituent à la puissance publique et dérogent à l'article 2 de l'arrêté municipal du 22 janvier 1885 : "Il est interdit ... de porter aucun insigne, aucun costume appartenant aux cultes légalement reconnus par l’Etat, ou ayant rapport à des fonctions publiques..."

3. La musique et les chants du carnaval de Guyane

La musique carnavalesque est issue d'un folklore à double origine, celle des esclaves africains et des colons européens, un métissage des instruments à percussion, à vent et à cordes. Dans les plantations, les tambours de basse à peau épaisse pour le rythme (tanbou plonbé), d'accompagnement (tanbou foulé) et de solo lié au chant à son plus aigüe (tanbou koupé) accompagnaient les danses "dehors". La flute à bec, le trombone ou la clarinette était davantage l'apanage des musiques et danses "dedans". La rencontre progressive des sons et des rythmes enrichis d'autres types de tambours, du tambourin, du chacha (hochet fabriqué avec une calebasse emmanchée et remplie de graines, de plombs ou de gravier) et du ti-bwa (deux petits bâtons frappés sur une surface dure, planche ou bambou) ont contribué à la naissance d'une musique composite guyanaise, notamment de carnaval.

Chantons sous la pluie

Longtemps, les bandes carnavalesques ont défilé dans la rue en chantant exclusivement des chants satyriques. Il y avait alors peu de tambours mais toujours des chants. La généralisation de la musique, en particulier des percussions puis des cuivres, dans les défilés de rue du dimanche, s'est faite avec l'apparition de nouveaux groupes plus jeunes, la multiplication des groupes culturels d'origine étrangère et la nécessité de structurer les défilés.?

C'est dans les bals Ti-tane, organisés après les défilés du dimanche, où l'élégance bourgeoise était obligatoire que s'est élaborée la musique dite de carnaval où la biguine, la mazurka, la polka, le quadrille, la valse, ont une coloration créole originale. Ces bals gratuits nés au début du XXème siècle ont disparu au profit des dancings, appelés également universités, qui fonctionnent aujourd'hui le vendredi ou samedi soir à Cayenne, Kourou, Matoury, Saint Laurent où les touloulous parées masquées invitent les cavaliers.

Diplome nana 91

Le dancing Au Soleil Levant également appelé Chez Nana a été construit en 1953. Trop petit il obligeait les couples à danser sur place. Une nouvelle façon de danser était née. Les bals de tololos ont été créés en 1988. La saison carnavalesque en a été définitivement modifiée.

Certains membres de KOUMAN en sont diplômés.

Diplome nana 93

KOUMAN perpétue la tradition du chant satyrique carnavalesque. L'orchestration est au service des chanteurs et chanteuses qui suivent la banderole et donne le ryhtme au groupe qui défile au pas cadencé. Le leader, immédiatement derrière les chanteurs et en tête de l'orchestre lance les chants aux paroles rythmées, moqueuses faites pour rire, s'amuser, se faire plaisir, être reprises par le public :

Le leader : La pli ka tombé !


        Réponse du groupe (et des spectateurs) :    Chwa !
     et ainsi de suite :     Vent ka soufflé                Chwa !
                                   Kouman en la ri              Chwa !
                                   Difé en la ri                    Chwa !
                                   Nou ka roulé ron             Chwa !
                                   Nou pas pé la pli             Chwa !
                                   Nous pas pé soleil           Chwa !

Angle ban an musik

4. Quel avenir pour le carnaval de Guyane ?

Deux écoles s'opposent, celle de la spontanéité, des chants, à moindre coût et celle du spectacle, de la chorégraphie et des costumes coûteux ou uniformisés. L'évolution du carnaval suit l'évolution de la société et inéluctablement les petits groupes « traditionnels » ont intégré les codes des nouveaux groupes : sponsorisation, davantage de musique et moins de chants, prestation de rue chorégraphiée, visibilité télévisuelle et participation à la compétition pour l'obtention de prix. Un Observatoire régional du carnaval guyanais s'est constitué en association pour faire reconnaître le carnaval et le touloulou au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Un diplôme universitaire (DU) en deux ans est proposé par l'Université de la Guyane en formation continue avec pour objectif "le développement des métiers autour du carnaval". Un "Office du carnaval" est en cours de création par les politiques qui veulent coordonner la fête populaire dans une perspective économico-touristique.

Les défilés de rue sont dorénavant "organisés" par des Comités (Cayenne, Kourou ...) ou des municipalités lorsque l'initiative fait défaut (Saint Laurent du Maroni...) regroupés en SuperStructure. Le bénévolat prévaut mais peine à se renouveler. Les subventions par le denier public sont toujours considérées insuffisantes. Les dépenses sont souvent l'objet de suspicion. Carnaval et business, ce n'est pas le grand amour surtout quand des intérêts contradictoires se disputent le rêve de retombées économiques. L'année 2021 aura montré l'incapacité des structures de coordination bénévoles à proposer un projet carnavalesque compatible avec la pandémie. Le nouvel organisme impulsé par les politiques financeurs,  l'Office du carnaval, en cours de constitution, ambitionne de fédérer l'intégralité des acteurs du carnaval 2024. 

Le passage d'un carnaval de rue, spontané et populaire à des prestations commerciales et touristiques sur un circuit sécurisé ("sambodrome") ne pourra pas se faire sans une professionalisation des acteurs et l'adaptation des groupes carnavalesques historiques. Deux carnavals de rue pourraient se développer, celui de l'animation populaire des quartiers et celui du spectacle mercantile sur un sambodrome.

C'est le/la touloulou, figure emblématique du carnaval de Guyane, qui permettra la coexistence de la fête populaire libre dans la ville avec la structuration professionalisée des projets économico-carnavalesques. D'où l'intérêt de son inscription au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco (voir ici le projet en-cours).

La société créole originelle n'est plus majoritaire. L'intégration de la diversité socio culturelle dans les défilés, expression communautaire ou tout simplement volonté de participer à la fête, se combine avec des impulsions économico-sécuritaires. Les costumes sont confectionnés pour être vus, regardés et applaudis. Des leaders de groupes carnavalesques déclarent dans la presse avoir besoin de 5 000 € par défilé et en appellent aux subventions, aux contributeurs, demain aux fonds de pension. Lors des Rencontres du carnaval 2018 organisées par la Collectivité Territoriale de Guyane, un intervenant a demandé "un million d'euros pour faire en 3 ans ...". Les prétextes de l'insécurité et de la violence ont définitivement transformé le carnaval de Guyane.

KOUMAN, groupe à l'effectif volontairement restreint n'échappe pas à cette évolution du carnaval spectacle. L'association a même créé un site internet pour se rendre plus visible dans le concert des grandes formations qui comptent une centaine de carnavaliers et défilent soit devant des orchestres sonores soit derrière d'immenses et bruyants chars musicaux motorisés. Tous les membres du groupe KOUMAN passaient par le portique de sécurité pour accéder au circuit de Cayenne ont quitté "l'organisation" pour retrouver la liberté de la fête populaire.

Le groupe n'ouvrira plus le spectacle sur un circuit imposé en chantant devant un public clairsemé? Il n'y aura plus de deuxième tour de "sambodrome" coincé entre deux grandes formations de parade dont la musique ou la chorégraphie monopolisent la rue ? KOUMAN ira dorénavant à la rencontre des quartiers oubliés.

Tan lontan divers

L'avenir est né hier

Avec la sédentarisation, les premiers villages il y a 5 000 ans, est apparue la fête tribale. Avec le rire indissociable de l'HOmME, il est très probable que la dérision, la moquerie ont contribué à faire de ces fêtes populaires des moments de joie et de plaisir.

Cliquez ici pour connaître la petite histoire du carnaval, née avec le "big bang", il y a 13,8 milliards d'année

Sans les HOmMES, la fête ne serait pas, le carnaval non plus. C'est pourquoi KOUMAN tient à rendre hommage au grand mystère qui fait de l'HOmme et de la femME les acteurs du carnaval en général et de Guyane en particulier.

Cliquez ici pour découvrir le mystère de l'HOmME carnaval né de l'amour improbable entre une HOmme et une femME

Date de dernière mise à jour : 31/01/2023